La Bergerie Céramiques

A Vallauris, on n'échappe pas à la Biennale...

Depuis que nous avons créé ce blog, en 2007, nous n'avons cessé de dénoncer la tenue de cette manifestation aussi prétentieuse qu'inutile, qu'est la "Biennale internationale d'art contemporain et de céramique", anciennement "Biennale de céramique".

Lorsque a été lancée la première biennale, en 1968, 220 000 visiteurs se sont déplacés au cours des deux mois d'ouverture, et ont payé leur entrée au tarif en vigueur.

Il était surtout alors question d'y découvrir des artistes locaux, parmi lesquels il faut dire que figurait Picasso.

De nos jours, c'est un dévoiement complet de l'esprit d'origine qui a conduit les organisateurs à bannir les artistes locaux, pour présenter des oeuvres venues du monde entier, supposées représenter le meilleur de la planète.

Faute d'un lieu unique adapté, les objets sont dispersés sur divers sites, dont beaucoup sont à peu près totalement ignorés des visiteurs. Lesquels ne se déplacent plus, sur cinq mois à présent, qu'en quantité homéopathique.

Malgré ses ambitions, cette manifestation demeure d'une importance secondaire sur l'échiquier international.

L'organisation en est fort dispendieuse : un jury, qu'il faut faire venir parfois de fort loin, qu'il faut loger et défrayer. Des pièces qu'il faut transporter, installer et assurer, et, surtout, la "nation invitée", qui présente les oeuvres de ses artistes. Sans parler des prix distribués.

Il est toujours très difficile de connaître le coût global d'une biennale (le "Secret Défense" semble s'appliquer), mais, d'après des recoupements, il semble qu'il soit supérieur à 500 000 euros.

Les retombées médiatiques sont très faibles (quelques revues spécialisées), et économiques, nulles.

L'inauguration est l'occasion de discours rasoirs et répétitifs (on se souviendra des "quatre-z-éléments" qui ont souvent été convoqués pour rappeler le travail de la terre), et d'un cocktail qui voit défiler tous les parasites de la commune, venus s'empiffrer aux frais de la princesse.

Puis, pendant cinq longs mois, le personnel municipal attend sur les divers sites les rares visiteurs, parfois moins d'une dizaine par jour.

Comble d'ineptie, le jury décerne ses prix (parfois avec un sens du paradoxe assez consternant) avant l'ouverture au public, ce qui enlève tout intérêt à l'opération, au lieu d'organiser en cours de manifestation une grande soirée style festival de Cannes, et, bien entendu, pour démobiliser un peu plus les rares amateurs, il n'y a pas de prix du public.

L'organisation est répétée à l'identique depuis des décennies, sans que jamais quiconque ait l'idée d'en modifier le rituel, et ce, malgré la fréquentation de plus en plus anémique.

Vallauris est dans une situation financière calamiteuse, du fait de la gestion de la précédente équipe municipale, qui n'a rien négligé pendant 12 ans pour ruiner la ville.

Il est évident que, dans ces conditions, il était urgent de liquider cette inutilité de biennale, et d'utiliser une partie des fonds économisés à organiser des manifestations propres à réellement faire venir du monde, le reste étant dévolu à la diminution de la dette.

Or, que fait le maire? Dans la grande tradition des petits caciques locaux vaniteux et irresponsables, non seulement la biennale est reconduite, mais la nation invitée est...la Corée du Sud, et, ce dans un souci de supporter des coûts de transport et d'organisation prohibitifs. Mais Mme le maire se fait plaisir, avec l'argent public.

On pourrait croire que, consciente des enjeux et de l'urgence de ne plus mettre l'argent par les fenêtres, l'opposition municipale ferait corps contre une telle ineptie : mais non, le projet passe à l'unanimité, tant l'ignorance, la routine et la crainte de se distinguer sont les valeurs communes à cette pitoyable "classe politique" vallaurienne.

On appréciera le compte-rendu comportant quelques moments d'humour involontaire, comme ce droit d'inscription de 15 euros censé responsabiliser les candidats, paru dans Nice-Matin, suite au vote des élus. On goûtera les merveilles sur lesquelles se penche le jury de la précédente biennale, rappelant des excréments fossiles de bêtes antédiluviennes...

 

 

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26/04/2015
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