Les tribulations de la place Cavasse
La place Cavasse est la plus grande place de Vallauris. C'est un quadrilatère bordé d'un côté par la mairie, affreuse bâtisse biscornue sans caractère, typique des horreurs architecturales des années 70, d'un autre, par la très belle école Frédéric Mistral, les deux autres étant occupés par des immeubles sans intérêt, si l'on excepte l'espèce de bunker réalisé par la précédente maire, Mme Salucki, abritant la poste et la police municipale, plus laid que ses voisins...! Voici ce qu'en dit le site officiel de la ville de Vallauris : "Jacques CAVASSE, né le 24 décembre 1849 à Vallauris, docteur en médecine, chevalier de la Légion d’honneur, est décédé à Vallauris le 18 janvier 1928. Pour rendre hommage à Jacques CAVASSE qui a été maire de la Commune de 1892 à 1919, le Conseil municipal a décidé dans sa séance du 18 février 1928 de donner son nom à la place de la Victoire. Cette place où se trouvaient groupés la plupart des bâtiments réalisés qui constituaient la plus grande partie de son oeuvre municipale, était toute qualifiée pour cela : place publique, groupe scolaire, établissement des bains douches et la gendarmerie."
Les magnifiques bains-douches, offerts et décorés par Delphin Massier, et la gendarmerie, ont sauté allègrement pour faire place à l'horrible mairie.
La place elle-même, jusqu'au début des années 2000, servait de stationnement et, à l'occasion, recevait des manifestations.
C'est là que le maire Pierre Donnet, dans les années 70, organisait des corridas avec mise à mort, bien que ce fut interdit, pour faire plaisir à son ami Picasso, grand amateur de ces tortures et tueries.
Arrivé en 2002, le maire Alain Gumiel entreprit de moderniser la place, en y faisant creuser un parc de stationnement de trois étages.
Hélas, comme dans la vieille ville, ce fut l'architecte Wilmote qui fut choisi pour en assurer la décoration extérieure.
Un festival d'architecture soviétique : dans une région ou les étés sont torrides, il ne trouva rien de mieux que de réaliser un vaste quadrilatère pavé, dépourvu de toute ombre. Il imagina de le border de fontaines qui dispensaient un film d'eau parfaitement invisible le long d'un mur. Rapidement, ces supposées fontaines tombèrent en panne, après avoir laissé s'échapper des milliers de mètres cubes d'eau et suscité des infiltrations dans les stationnements souterrains. Par ailleurs, le revêtement des parois, littéralement saboté, ne tarda pas à tomber en ruine. Et la Provence, dans tout ça ? On avait fait du Bobigny des années 60.
Comble de malfaçon, la dalle réalisée se révéla trop fragile pour supporter des charges lourdes, ce qui interdisait nombre de manifestations, pourtant la seule justification de cet espace désertique.
Ecrasée de soleil l'été, battue des vents et des intempéries l'hiver, la place Cavasse est devenue une sorte de désert de Gobi en miniature.
Arrive la nouvelle équipe municipale. Vite vite, juste avant l'élection départementale où il était candidat, le maire décida en solo la "végétalisation" de la place, afin, paraît-il, de la rendre enfin susceptible de recevoir des promeneurs qui ne mourraient pas de soif en la traversant.
On ne sait qui désigna l'entreprise chargée des travaux, laquelle, pour un prix demeuré incertain de 60 à 80 000 euros TTC, disposa quelques bacs en fer contenant des arbustes maigrichons, tels que oliviers d'Espagne, mimosas, lagerstroemias...
Le résultat est visible sur les photos ci-dessous : minable.
Bien entendu, cette réalisation exécutée sans réflexion, sur un coup de tête, est dans la droite ligne de ce qui s'est fait à Vallauris en matière d'urbanisme depuis trente ans.
Quand donc les décideurs auront-ils la modestie de demander à plus qualifié qu'eux, ce qu'il convient de faire ? Quand donc la population, qui paie pour ces erreurs, sera-t-elle enfin préalablement consultée ?
on attend, et on espère...